samedi 26 décembre 2015

Train d'enfer pour Ange rouge, Franck Thilliez

Note : *****



Présentation de l'éditeur, Le livre de poche :


Un cadavre en morceaux est retrouvé aux environs de Paris. La victime a été décapitée et son corps martyrisé a fait l'objet d'une mise en scène défiant l'imagination.
Le commissaire Franck Sharko est dépêché sur les lieux. Les ténèbres, il connaît : sa femme a disparu depuis six mois. Aucun signe de vie, aucune demande de rançon. Et cette nouvelle affaire, en réveillant le flic qui dormait en lui, va l'emmener au cœur de la nuit, loin, beaucoup trop loin...

« Les amateurs de polars piafferont sans doute d'impatience pour découvrir la suite des aventures concoctées par Franck Thilliez. »Frédéric Camus –La Voix du Nord



Lire un extrait




L'auteur :
Franck Thilliez est né en 1973 à Annecy. Ingénieur de formation, il s’illustre d’abord dans les nouvelles technologies et devient très tôt spécialiste en informatique. Mais aux algorithmes et suites binaires, Franck préfère les thrillers, tout particulièrement ceux qui se passent en milieu hostile. Dès son premier roman, Train d’enfer pour Ange rouge (La Vie du Rail, 2003), Franck Thilliez est nommé pour le Prix SNCF du Polar 2004. un succès en amenant d'autres, il publie La Chambre des morts (2005), Deuils de miel (2006), La Forêt des ombres (2006), La Mémoire fantôme (2007), L'Anneau de Moebius (2008) et Fractures (2009).
La Chambre des morts, adapté au cinéma en 2007, a reçu le prix des lecteurs Quais du Polar 2006 et le prix SNCF du polar français 2007.
Plus récemment, Franck Thilliez a publié Le Syndrome [E] (2010), GATACA (2011) et Atom[k]a (2012) – trois enquêtes réunissant à nouveau Franck Sharko et Lucie Henebelle – ainsi que Vertige (2011), Puzzle (2013) et Angor (2014). Son dernier roman, Pandemia, est paru en 2015.

Ma critique :


Ce livre traînait dans ma PAL depuis un petit moment ... je me souviens en l'achetant je m'étais dit : "Tiens, j'entends parler de ce Thilliez sans le connaître!! Testons-le ...". Il faut dire aussi que je n'ai jamais lu de thriller avant, quelques polars ... eh bien, je dois dire que c'est un style très particulier pour lequel il faut avoir le cœur bien accroché !!
Dès les premières pages, un meurtre a été perpétré et nous assistons à la découverte du corps et des tortures infligées, agrémenté du rapport d'autopsie très détaillé !!! alors on est partagé entre l'envie de fermer le livre (et d'aller vomir .. non j'exagère .. quoique ...) et de continuer cette lecture qui est très captivante.

L'histoire prend vraiment aux tripes parce que les meurtres sont atroces, on côtoie les âmes les plus tortueuses mêlant violence, sexe et plaisir. L'intrigue tient bien la route même si mes soupçons sont arrivés assez vite sur le suspect (ça doit être les épisodes d'Esprits criminels qui m'ont aidés).
L'auteur a été très méticuleux dans ces descriptions aussi bien des meurtres, des sévices et des milieux fréquentés, un grand travail de recherche a été fait. En revanche, je trouve le style un peu trop scolaire qui nuit un peu dans l'authenticité des discours.

Si vous aimez les sensations fortes, vous ne lâcherez pas ce livre !!

Quelques citations relevées :

Il est des moments où il devient impossible de ressentir la douleur d'autrui; on peut juste l'imaginer, en sentir le souffle le long de l'échine, frissonner au point de se blottir sous des couvertures. Mais on ne peut pas se mettre à la place. Jamais...
                                               ---------------------------------------------------
Les souvenirs s'estompent mais ne disparaissent pas, ils vont et viennent comme des langues d'écumes qui s'échouent sur une plage avant de repartir grandies par leur substance même. Ils tissent ce que nous sommes, bien plus que ce que nous avons été.
                                              ---------------------------------------------------
Lorsque je rentrais, tard le soir la plupart du temps, j'essayais de faire abstraction de ma journée une fois le seuil de ma porte franchi. Mais on ne se débarrasse jamais des mauvaises herbes que l'on arrache par les tiges...


Fiche technique :

Editeur: Pocket                  Date d'édition : Juin 2011      448 pages


Pour aller plus loin :

Franck Thilliez parle de son livre :


vendredi 18 décembre 2015

La guerre de Troie n'aura pas lieu, Jean Giraudoux


Note : *****



Présentation de l'éditeur, Le livre de poche :


«La guerre de Troie n'aura pas lieu», dit Andromaque quand le rideau s'ouvre sur la terrasse du palais de Priam.
Pâris n'aime plus Hélène et Hélène a perdu le goût de Pâris, mais Troie ne rendra pas la captive car pour tous les hommes de la ville «il n'y a plus que le pas d'Hélène, la coudée d'Hélène, la portée du regard ou de la voix d'Hélène », et les augures eux-mêmes refusent de la laisser partir.
Hector, pour Troie, et Ulysse, pour la Grèce, tentent à tout prix de sauver la paix. Mais la guerre est l'affaire de la Fatalité et non de la volonté des hommes. La guerre de Troie aura lieu.

Pièce en deux actes, La guerre de Troie n'aura pas lieu a été représentée pour la première fois le 22 novembre 1935 au Théâtre de l'Athénée, sous la direction de Louis Jouvet. Son succès fut éclatant et immédiat et ne s'est jamais démenti depuis.



Feuilletez




L'auteur :
Jean Giraudoux est né en 1882, il est reçu à l'Ecole Supérieure Nationnale en 1903. A partir de 1910, il devient diplomate et Vice-consul à la direction politique et commerciale du ministère des Affaires étrangères, il sera inspecteur des postes diplomatiques et consulaires en 1934, puis, en 1939, commissaire à l'Information, poste qu'il abandonnera l'année suivante pour se retirer près de Vichy, à Cusset.
Jean Giraudoux est un des dramaturges français le plus considérable de l'entre-deux-guerres. Il a écrit des pièces célèbres comme Amphitryon 38 (1928), La guerre de Troie n'aura pas lieu (1935), Électre (1937) ou Ondine (1939) ou La Folle de Chaillot jouée en 1945 après sa mort.
Jean Giraudoux meurt à Paris le 31 janvier 1944, à l'âge de soixante et un ans.

Ma critique :


La guerre de Troie n'aura pas lieu ? eh bien, si, l'Histoire ou (et?) le Destin veut qu'elle ait eu lieu, mais comment en est-on arrivé là ?

Petit rappel de l'histoire : Tout à commencé un jour de banquet où la déesse de la Discorde qui n'était pas invitée (un peu comme Maléfique à la naissance d'Aurore ...) décide de lancer la Pomme de la discorde où il est écrit "pour la plus belle". Bien sûr, les déesses toutes aussi superficielles et orgueilleuses les unes que les autres demandent à Zeus (mâle dominant mais plutôt pleutre sur ce coup) de désigner LA plus belle. Celui-ci décide de confier cette tâche (si existentielle) à Pâris, un troyen (le plus beau de tous les humains) qui choisit la belle Aphrodite qui lui promis l'Amour de la plus belle des mortelles .... la fameuse Hélène. Sauf que Hélène, grecque d'origine, est mariée à Ménélas ... et c'est là que commence le drame : ils partent vers Troie rejoindre le père et roi de Troie, Priam. Ménélas, quant à lui rameute tous les rois des états grecs, qui en pinçaient tous pour la belle Hélène et lui avaient juré protection (Ulysse, Achille, .. pour les plus connu).

La pièce de Giraudoux, commence donc quand Hector, fils de Priam et frère de Pâris, rentre de guerre, en se disant qu'il a bien mérité un peu de repos et qu'il va enfin profiter de sa femme Andromaque (la célèbre Andromaque, bien connu des "raciniens") qui de surcroit, attend un petit (la fameuse pièce d'échange au cœur de l'ouvre de Racine). Et là, il apprend que son frère, Pâris n'est pas rentré seul et qu'Hélène est tellement bêeelle que personne ne veut qu'elle parte et puis tant pis s'il y a une guerre après tout ...
Le pauvre Hector ! Il tente tout pour éviter cette guerre, la persuasion auprès des hommes et d'Hélène, l'humiliation (en passant outre les gifles de Oiax et même la cour qu'il fait à sa propre femme) et la démonstration, avec Ulysse. Il est épaulé de sa sœur Cassandre, qui prédit tous les malheurs que cela engendrera sur Troie, mais comme Apollon a bien fait son boulot, personne ne la croit (je rappelle, qu'elle a le don de divination mais Apollon, furieux d'avoir été éconduit par la demoiselle, lui a retiré le don de persuasion) et de sa femme Andromaque (qui sent bien que c'est elle qui va perdre beaucoup dans l'histoire ...) qui essaye elle aussi de dire à Hélène de repartir en Grèce, en vain ...à la fin elle lui demande au moins d'aimer Pâris pour que les hommes ne meurent pas pour rien ...

De l'autre côté, chez les grecs, Oiax qui au départ, est très virulent et veut tuer Pâris pour l'affront fait à Ménélas et aux Grecs, ressort, après sa discussion avec Hector, plutôt raisonné et est prêt à repartir. Reste plus qu'à décider Ulysse, messager des grecs, qui lui n'est ni pour ni contre, ils s'en remet au Destin.
Le pire personnage est donc Demokos, le poète "guerrier", il trouve tous les faux prétextes pour que les autres aillent au combat (pas fou le gars, c'est pas lui sur le front ...): la fierté troyenne, les valeurs à défendre, les femmes à protéger, et enfin le mensonge.

Le destin fait que ...

Mais éloignons-nous un peu de la guerre de Troie car comme dans l'Histoire, cette pièce sert de cheval de Troie à Giraudoux pour nous dire ce qu'il pense de la guerre, des décideurs, de la vanité des hommes et de la future guerre qui se prépare.

Nous sommes en 1935, aux prémisses de la 2nde guerre mondiale et Giraudoux, qui a combattu à la 1ère a bien senti dans l'atmosphère qui règne qu'une 2eme n'est pas loin de se déclarer. Et donc, clairement, les causes, ce ne sont pas pour une belle femme ou pour suivre un quelconque destin mais à cause des hommes et principalement ceux qui ne sont pas sur le terrain, les décideurs, les chefs (représenté par Priam) et les intellectuels, les patriotes sur le papier (Demokos, dans la pièce).

Un petit mot sur le style d'écriture, il use du mélange des genres entre la tragédie, la comédie et l'absurde (voire burlesque) : voir les citations. Il a su rester dans l'histoire grecque tout en parsemant des faits d'histoire contemporaine (a savoir sur la 1ère et la 2nde guerre mondiale) très habilement et intelligemment. Un grand auteur !!

Quelques citations relevées :

Acte I, scène 6 :
ANDROMAQUE : Oh ! justement, père vous le savez bien ! Ce sont les braves qui meurent à la guerre. Pour ne pas y être tué, il faut un grand hasard ou une grande habileté. Il faut avoir courbé la tête ou s'être agenouillé au moins une fois devant la danger. Les soldats qui défilent sous les arcs de triomphe sont ceux qui ont déserté la mort. Comment un pays pourrait-il gagner dans son honneur et dans sa force en les perdant tous les deux?
PRIAM : Ma fille, la première lâcheté est la première ride d'un peuple.
ANDROMAQUE : Où est la pire lâcheté? Paraître lâche vis-à-vis des autres, et assurer la paix? Ou être lâche vis-à-vis de soi-même et provoquer la guerre?
DEMOKOS : La lâcheté est de ne pas préférer à toute mort la mort pour son pays.
                                               ---------------------------------------------------
Acte I, scène 4 :
PARIS: Dis-moi que tu hais Ménélas ...
HELENE : Ménélas? Je le hais.
PARIS: Tu n'as pas fini... Je ne retournerai jamais en Grèce. Répète.
HELENE : Tu ne retourneras jamais en Grèce.
PARIS : Non, c'est toi qu'il s'agit
                                              ---------------------------------------------------
Acte II, scène 3 :
DEMOKOS : Hélène, une minute ! Et regarde-moi bien en face. J'ai dans la main un magnifique oiseau que je vais lâcher... Là, tu y es? ... C'est cela... Arrange tes chevaux et souris un beau sourire.
(...)
DEMOKOS : Ne bouge plus...Une ! Deux ! Trois ! Voilà ... c'est fait, tu peux partir ...
HELENE : Et l'oiseau?


Fiche technique :

Editeur: Le livre de poche                  Date d'édition : Février 1972      190 pages


Pour aller plus loin :


Vénus persuade Hélène de tomber amoureuse de Pâris par Angelica Kauffman. 
( © Musée de l'Ermitage, St Petersbourg)

Hector adresse des reproches à Pâris - P.C.F. Delrome -  © musée de Picardie (Amiens)


Le cheval de Troie, détail d'une peinture de Giambattista Tiepolo


lundi 7 décembre 2015

La petite communiste qui ne souriait jamais, Lola Lafon


Note : *****

Récompenses:

Prix de la Closerie des Lilas -2014
Le prix Ouest France / Etonnants Voyageurs - 2014
Grand Prix de l'héroïne, Madame Figaro - 2014
Prix Littéraire d'Arcachon -2014
Prix des lecteurs de Levallois - 2014
Le Prix Jules Rimet sport et littérature - 2014
Prix Version Femina - 2015

Présentation de l'éditeur, Actes Sud :


Parce qu’elle est fascinée par le destin de la miraculeuse petite gymnaste roumaine de quatorze ans apparue aux JO de Montréal en 1976 pour mettre à mal guerres froides, ordinateurs et records au point d’accéder au statut de mythe planétaire, la narratrice de ce roman entreprend de raconter ce qu’elle imagine de l’expérience que vécut cette prodigieuse fillette, symbole d’une Europe révolue, venue, par la seule pureté de ses gestes, incarner aux yeux désabusés du monde le rêve d’une enfance éternelle. Mais quelle version retenir du parcours de cette petite communiste qui ne souriait jamais et qui voltigea, d’Est en Ouest, devant ses juges, sportifs, politiques ou médiatiques, entre adoration des foules et manipulations étatiques ?
Mimétique de l’audace féerique des figures jadis tracées au ciel de la compétition par une simple enfant, le romanacrobate de Lola Lafon, plus proche de la légende d’Icare que de la mythologie des “dieux du stade”, rend l’hommage d’une fiction inspirée à celle-là, qui, d’un coup de pied à la lune, a ravagé le chemin rétréci qu’on réserve aux petites filles, ces petites filles de l’été 1976 qui, grâce à elle, ont rêvé de s’élancer dans le vide, les abdos serrés et la peau nue.

La petite communiste qui ne souriait jamais figure parmi les 25 romans de l'année sélectionnés par les critiques du Point.



Feuilletez le début




L'auteur :

D’origine franco-russo-polonaise, élevée à Sofia, Bucarest et Paris, Lola Lafon s’est d’abord consacrée à la danse avant de se tourner vers l’écriture. Ses  trois premiers romans sont parus chez Flammarion : Une fièvre impossible à négocier, Prix  A tout lire,  De ça je me console  et Nous sommes les oiseaux de la tempête qui s’annonce , Prix Coup de Cœur de la 25ème heure au salon du Livre du Mans et finaliste du Prix Marie-Claire. Ce dernier roman a été adapté au théâtre par la compagnie « Les Fugaces » et Leila Kilani, travaille actuellement à une adaptation cinéma.

Lola Lafon est également musicienne, elle a deux albums à son actif :« Grandir à l’envers de rien » et « Une vie de voleuse ». Chaque sortie de roman a été accompagnée d’un « concert lecture ».

Politiquement engagée dans plusieurs collectifs anarchistes, antifa et féministes, Lola Lafon s’est parfois exprimée  dans certains quotidiens. Elle donne également quelques ateliers d’écriture dans des lycées pour la plupart classés en « difficulté » et elle a, en 2013, commencé à animer un atelier d’écriture à Bucarest, en français, avec des jeunes roumain(e)s. 

Ma critique :


Très belle découverte que ce livre!
Dans un 1er temps séduite par la couverture (où je n'avais pas reconnu Nadia Comaneci au 1er coup d’œil), je le fus d'autant plus par le style d'écriture de Lola Lafon.

L'histoire, nous fait remonter aux années Ceaucescu; période pas toute rose pour les roumains (régime communiste totalitaire du blog de l'Ouest où les moindres faits et gestes sont épiés, scrutés - soit on se plie aux règles soit ..., le choix était-il possible? oui comme toujours mais à quel prix?).
Et soudain, lors des JO de Montréal, surgit une jeune fille de 14 ans, minois de fillette mais corps d'athlète qui voltige, qui retombe toujours sur ses pieds sans une once d'hésitation, de tremblement et qui réalise l'impensable (puisque même les techniciens n'avaient pas envisager cet exploit pour l'affichage du tableau) : un 10, puis suivront une ribambelle de 10 et de médailles.

Lola Lafon revient sur cet exploit, sur la personnalité, le mental d'acier de cette gymnaste, le couple d’entraîneurs, tant décriés pour leurs méthodes mais admirés par leurs résultats (les américains ne les ont-ils pas fait venir de Roumanie pour être champion? qu'importe le flacon, pourvu qu'on est l'ivresse ...). Elle décortique les rapports de Nadia avec le pouvoir en place : où commence le libre-arbitre? où s'arrête la soumission ? On la suit tel un pantin désarticulé, marionnette aux mains du Conducator, qui échappe à ses parents, à son entraîneur même, pour représenter La Roumanie, toute puissante face à l'URSS et au monde occidental. Elle pointe le régime Ceaucescu dans son contrôle des femmes, de la menstruation au nombre d'enfants obligatoires.

Dans tous ces sujets abordés, Lola Lafon nous laisse le libre-arbitre justement et elle utilise intelligemment ses conversations fantasmées pour nous apporter d'autres points de vue, nous faire questionner : Béla était dur, oui, mais Nadia avait des prétentions au-delà des siennes encore ! La Roumanie était liberticide, oui mais les sociétés occidentales ne sont-elles pas pire car ne donnons-nous pas nous-même le fouet, avec tous nos appareils géolocalisés ou pucés (téléphone, carte bleue, carte vitale, carte transport, ...) ?
Lola Lafon utilise l'écriture comme la gymaste utilisait ses agrès ou la musicienne qu'elle est, utilise son instrument: elle virevolte, rebondit, nous fait passer par toutes les émotions : tendresse, sarcasme, naïveté, réalisme, compassion, haine.

Durant toute cette lecture, me restaient deux images de mon enfance/adolescence, les pirouettes de Nadia et les corps des Ceaucescu. Ce livre, c'est cela : on passe de la fascination à ce petit bout de femme, véritable OVNI de la gymnastique, du sport même, au mal l'aise, au dégoût (voire la nausée) des circonstances dans lequel tout est arrivé, il reste un gout amer ...

Quelques citations relevées :

"Toute la journée, il commande: refais. Recommence. Les poignets des petites en équilibre cèdent sous leur poids. Des crampes les tiennent éveillés la nuit, la faim les réveille de plus en plus tôt, à 4 heures du matin, il les entend chuchoter dans le dortoir. Au dîner, elles se nourrissent en silence, des gestes secs pour porter la fourchette à leur bouche. Leurs larmes changent, elles aussi : ce qu'elles pleurent, à chaque entrainement, c'est l'impossibilité d'aller plus loin, enragées comme devant une construction de tendons et de muscles qui cèdent avant elles."
                                               ---------------------------------------------------
"Vous avez contribué à la fabrication de cette image. A travers vous, le pouvoir faisait la promotion d'un système. La réussite totale du régime communiste, l'apothéose de la sélection: l'Enfant nouvelle surdouée, belle, sage et performante.
(Rire agacé.)
Ah oui, bien entendu! Les Roumains vendaient le communisme. En revanche, les athlètes français ou américains, aujourd'hui ne représentent aucun système, n'est-ce pas, aucune marque!!..."
                                              ---------------------------------------------------
"C'est quoi votre modèle? Crever de faim dans la rue ou mourir de solitude dans son appartement? L'ennui à crédit? Parvenir-réussir-arriver? Où ça?? J'en ai marre d'être obligée de vous désirer, le rêve occidental, ah, ces pauvres crasseux de l'Est à qui vous ne cessez de faire la leçon avec votre merveilleuse démocratie idéale, ça va, on a compris!"


Fiche technique :

Editeur: Actes Sud                  Date d'édition : Janvier 2014      320 pages


Pour aller plus loin :




Le programme à la poutre de Nadia, au JO de Montreal - Je vous invite à regarde aussi les barres asymétriques

Revenons au livre :

Lola Lafon parle de son livre, à la libraire Mollat, Paris



Un extrait du concert-lecture


mardi 1 décembre 2015

e=mc² mon Amour, Patrick Cauvin


Note : *****


Présentation de l'éditeur, Gallimard :
"Lui un peu voyou, elle un peu bêcheuse, ces deux bambins qui totalisent moins de vingt-trois printemps vont se rencontrer, se flairer, se reconnaître et vivre dans l'incompréhension générale ce qui est légitime d'appeler un grand amour.
J'aime dans ce roman de Patrick Cauvin - outre toutes les qualités de fraîcheur, de légèreté, d'invention qu'il faut pour faire l'enfant sans faire la bête - ce qu'il dit sans avoir l'air d'y toucher et qui va beaucoup plus loin que son joli récit."
François Nourissier

Best-seller des années 80, e=mc2 mon amour, le grand roman de Patrick Cauvin, trouvera de nouveaux lecteurs avec Pythagore, je t'adore qui en est la suite.

L'auteur :


Né en 1932, Patrick Cauvin décède en 2010 après une carrière prolifique. Il écrira plus de 40 romans sous ce pseudonyme mais également sous son vrai nom Claude Klotz, à tendance plus policière, mais également des romans jeunesse, des essais, des scénari, un recueil de nouvelles et une pièce de théâtre.E=mc2 mon Amour a été son premier grand succès qui l'a révélé au public, il sera adapté au cinéma l'année suivante par George Roy Hill.



Ma critique :
Dans le cadre du challenge variétés, une catégorie me paraissait compliquée "lire un livre paru l'année de notre naissance" et en furetant, je m'aperçois que c'est le cas de E=Mc2, mon amour. Et là, je me dis "bingo" (comme notre jeune héros)! J'avais en tête que ce livre m'avait marqué puisqu'en le trouvant je ressentais une bouffée de nostalgie bienfaisante, de retour en enfance (je me revoyais dans ma chambre d'ado, allongée sur mon lit et passant l'après-midi à lire ...ah! c'était le bon temps tout !!).

Et double "bingo" !! Ce livre est touchant de sincérité, d'amitié, d'amour, de partage, de simplicité.

L'histoire est vieille comme Shakespeare, 2 adolescents que tout oppose, à part leur extrême intelligence, tombe amoureux, certes à 11 ans (mais quitte à être en avance, autant l'être dans tous les domaines!) et seront confrontés au dictât de la normalité - mère de tous les vices pour réussir dans la vie.

Mais voilà, ces deux enfants-là ne sont pas comme les autres (malheureusement pour eux, la différence complique l'intégration) : ils ne lisent pas, ni ne regardent des œuvres pour enfants, ils n’idolâtrent pas leurs parents au point de s'en oublier. Non, c'est l'inverse : lui est expert en cinéma et elle en littérature et parle en alexandrins, et ils parlent d'amour, de leur amour réciproque comme même les adultes en sont incapables.
Mais, le monde est géré par des adultes qui prennent les décisions même pour des enfants plus matures, plus intelligents qu'eux, donc l'avenir semble compromis pour nos deux tourtereaux ...

Le livre est écrit à 2 voix alternativement, chaque chapitre est soit raconté par Daniel que l'on distingue par son parlé "titi parisien", très typique mais mal vieilli il faut le dire, soit par Lauren, avec son langage soutenu parsemé d'alexandrins. Ainsi, on se rend compte que les deux personnages avancent ensemble côte à côte dans une même direction, n'est-ce pas le signe d'un amour véritable ?

En plus de l'amour, il y a beaucoup d'humour dans ce livre : on imagine la tête du père quand Lauren lui parle philosophie, de la consternation des copains devant leur jeu "ultra simpliste" d'un mélange d'échecs-belote-poker, ...

Et enfin de l'incompréhension, pourquoi la société n'a-t-elle pas de place pour ces 2 enfants surdoués au point que même leurs parents les regardent comme des extra-terrestes, qu'ils sont prêts à inventer un stratagème pour partir dans des contrées lointaines pour ne plus être vus différemment ?

Patrick Cauvin essaye de briser le silence de la différence, de casser les cases où chacun est mis dès la naissance. Mais où en est-on presque 40 ans plus tard ? Bien sûr,la prise en charge d'enfants surdoués, ou déficients a considérablement évoluée mais n'est pas efficiente pour autant ...allez encore des efforts !!

Quelques citations relevées :

"Je te comprends, a-t-elle répondu rêveusement; personnellement, le dieu de Heidegger me paraît plus proche de ma conception que celui de Descartes, abstraction quasi pure."
Nous avons continué un moment à échanger des propos de notre âge ..."
                                               ---------------------------------------------------
"Ça s'ouvre et ... Bingo, pour le coup, il n'y a plus de banlieue. Il n'y a plus de Paris non plus, plus de France, ni d'univers, juste une fille plantée, unique sur la planète, devant moi et pour moi seul; oui, voilà ce que c'est, Lauren, en cette seconde, et je la verrais toujours maintenant comme ça, avec son sourire."


Fiche technique :

Editeur: JC Lattès / Le livre de poche                  Date d'édition : Janvier 1977      221 pages


Pour aller plus loin :


Pas de vidéos où il parle de son livre, mais je vous propose la bande annonce de l'adaptation cinématographique, I love you, Je t'aime (a little romance, dans la version originale)

lundi 2 novembre 2015

Les hauts de Hurle-Vent, Emily Brontë


Note : *****

Présentation de l'éditeur, Le livre de Poche :


Les Hauts de Hurle-Vent sont des terres balayées par les vents du nord. Une famille y vivait, heureuse, quand un jeune bohémien attira le malheur. Mr. Earnshaw avait adopté et aimé Heathcliff. Mais ses enfants l'ont méprisé. Cachant son amour pour Catherine, la fille de son bienfaiteur, Heathcliff prépare une vengeance diabolique. Il s'approprie la fortune de la famille et réduit les héritiers en esclavage. La malédiction pèsera sur toute la descendance jusqu'au jour où la fille de Catherine aimera à son tour un être misérable et fruste.
Ce roman anglais, le plus célèbre du XIXe siècle à nos jours, a été écrit par une jeune fille qui vivait avec ses sœurs au milieu des landes de bruyère. Elle ne connut jamais cette passion violente ni cette haine destructrice. Elle imagina tout, même le fantôme de la femme aimée revenant tourmenter l'orgueilleux qui l'a tuée.

L'auteur :
Emily Jane Brontë ,est une poétesse et romancière britannique du début XIXème siècle, sœur de Charlotte Brontë et d'Anne Brontë. Les Hauts de Hurlevent est son unique roman et est considéré comme un classique de la littérature anglaise. Pendant son enfance, après la mort de sa mère et de ses deux sœurs les plus âgées dans un pensionnat, son père, décide de laisser aux enfants une grande liberté.
Emily, talentueuse et solitaire, aura toujours du mal à composer avec le monde extérieur. Une seconde tentative de scolarisation, puis un premier poste d'institutrice se solderont par des échecs. En 1842, elle se rend à Bruxelles avec sa sœur Charlotte, dans le pensionnat de M. Héger, mais la mentalité catholique, jugée hypocrite et sans principes, heurte ces filles de pasteur, et Emily se languit loin de sa lande. Elle retourne à Haworth, où elle remplit le rôle de femme de charge du presbytère. Emily acquiert, chez ceux qui viennent à la connaître, une réputation de sauvagerie, de courage physique et d'amour des animaux. Elle partagera désormais le reste de ses jours entre les tâches ménagères, les longues promenades sur la lande et l'écriture.

Ma critique :


On se situe dans l'Angleterre du début 19ème, dans un lieu dit perdu dans la lande, mais avec les us et coutumes de la petite bourgeoisie britannique. On suit le destin brisé d'une jeune fille issue d'une famille de la noblesse, amoureuse de son frère de lait, jalousé et détesté par son frère de sang; donc, comme dans toute romance dramatique, rien ne se passera comme prévu et toutes les décisions auront des répercussions sur les descendants de chacun d'eux.

Si Emily a un réel talent d'écriture, j'ai plus apprécié le style de Charlotte et de sa Jane Eyre, je n'ai pu m'empêcher de faire des comparaisons entre les deux. Les Hauts paraissent pour moi, trop ancrés dans le style romantique, même si elle y dénonce également l'aristocratie, l'inconstance des femmes, tout parait plus mièvre, plus fade mais également plus tortueux, à la limite de la folie. Mais cela n'enlève en rien son talent, ses personnages sont bien travaillés, ils évoluent tout au long de leur vie mais en gardant un caractère singulier (ce qui est rare dans la littérature contemporaine), ce qui nous amène aussi bien à détester et à avoir de la pitié pour un même personnage. Elle a su créer une ambiance mortifère, de l'enfance à la mort, les personnages, les lieux sont englués dans le brouillard glaçant, la cruauté humaine (de l'indifférence à la méchanceté).
Il faut se remettre dans le contexte pour apprécier une oeuvre à sa juste valeur. Emily mérite d'autant plus cette reconnaissance pour son écriture, qu'elle vivait en quai-recluse, à lire les faits divers du journal du village et qu'elle a jamais "goûté" à l'amour.


Un petit aparté, je ne sais pas qui réalise les 4ème de couverture, mais la personne qui a réalisée celle du livre de poche n'a pas lu le même livre que moi. Il est dit : "quand un jeune bohémien attira le malheur". Je ne suis pas d'accord avec cette approche de la situation : au départ, ce jeune homme n'a rien de maléfique, il le devient par la méchanceté et les décisions du frère aîné. Ensuite, il est dit :"Cachant son amour pour Catherine", encore contraire au livre, leur fraternité va se transformer en amour passionnel et ils ne s'en cachent pas, c'est pour cela qu'ils sont séparés et arrivera ce qu'il devait arriver ... !!

Quelques citations relevées :

"Mr Heathcliff, vous n'avez personne pour vous aimer, vous; et, si misérables que vous nous rendiez, nous aurons toujours la revanche de penser que votre cruauté vient de votre misère encore plus grande. Car vous êtes misérable, n'est-il pas vrai? Seul, comme le démon, et envieux comme lui! Personne ne vous aime, personne ne vous pleurera quand vous mourrez! Je ne voudrais pas être à votre place!"
                                               ---------------------------------------------------
"- Vous croyez qu'elle m'a presque oublié? Oh! Nelly! Vous savez bien qu'il n'en ait rien. Vous savez tout comme moi que, pour chaque pensée qu'elle accorde à Linton, elle m'en accorde mille! (...) Quand il l'aimerait de toutes les forces de son être chétif, il n'arriverait pas à l'aimer en quatre-vingts ans autant que moi en un jour."


Fiche technique :

Titre Original : Wuthering Heights
Traducteur : Frédéric Delebecque (Traducteur)
Préface: Michel Mohrt (Préfacier)
Editeur: Editions de Fallois / Le livre de poche       Date d'édition : Juillet 1974        416 pages


Pour aller plus loin :

La dernière adaptation cinématographique ... bande annonce :


Une adaptation bande dessinée, dont voici la couverture  :

Et une planche, pour capter l'ambiance :

Charlotte, David Foenkinos


Note : *****

Récompenses :
Prix Renaudot, 2014
Prix Goncourt des lycéens, 2014

Présentation de l'éditeur, Gallimard :
Ce roman retrace la vie de Charlotte Salomon, artiste peintre morte à vingt-six ans alors qu'elle était enceinte. Après une enfance à Berlin marquée par une tragédie familiale, Charlotte est exclue progressivement par les nazis de toutes les sphères de la société allemande. Elle vit une passion amoureuse fondatrice, avant de devoir tout quitter pour se réfugier en France. Exilée, elle entreprend la composition d'une œuvre picturale autobiographique d'une modernité fascinante. Se sachant en danger, elle confie ses dessins à son médecin en lui disant : «C'est toute ma vie.» Portrait saisissant d'une femme exceptionnelle, évocation d'un destin tragique, Charlotte est aussi le récit d'une quête. Celle d'un écrivain hanté par une artiste, et qui part à sa recherche.
Feuilleter le début

L'auteur :



David Foenkinos est un romancier français, né en 1974. Charlotte est son 13ème roman, il connaît de nombreux succès, notamment Le potentiel érotique de ma femme, Qui se souvient de David Foenkinos, La délicatesse, Les souvenirs, Je vais mieux, ... et même quelques adaptations cinématographiques : La délicatesse, qu'il co-réalise avec son frère et Les souvenirs, réalisé par JP Rouve. 



Ma critique :
Comme il le dit lui même, David Foenkinos s'essaie à un style bien différent puisqu'il écrit en "vers libre" (??), sur une artiste peintre qu'il a en adulation. Pourquoi? on ne le sait pas vraiment ...
On suit donc la vie de Charlotte Salomon, qui naît dans une famille à tendance dépressive de mère en fille (mais n'est-ce pas dans la maladie que naissent les plus grands génies ??) et qui évoluera dans des temps très difficiles : le suicide de sa mère, l’exode, les camps, ...

L'histoire de cette jeune fille est très touchante, tout au long de la lecture on appréhende le jour fatidique où elle est emmenée dans les camps. David Foenkinos met en avant cette jeune artiste et cela a le mérite de nous faire découvrir son histoire mais sans aller au bout des choses : son idolâtrie l'empêche de trouver des réponses, de remettre en question certains événements.

Quant au style, il est certes différent mais pas exaltant pour moi, je n'ai pas adhéré du tout et pourquoi parler de poésie ? l'écriture est basique, simpliste ... pour aller à l'essentiel ? on n'en sait pas plus sur le pourquoi de la fascination, il n'y a pas de mots mis sur cette fascination, sur son travail de peintre, sur ce que la peinture représente pour lui, etc.

A part me faire découvrir cette artiste, ce livre n'a pas eu grand intérêt. Généralement, on attend d'une biographie, une analyse très journalistique de la vie, de l'oeuvre de la personne centrale, d'où ma déception sûrement ...
J'en garderai, à mon avis qu'un pâle souvenir : ce qui confirme mes impressions sur ces précédents livres - le style change mais l'écriture de l'auteur reste la même. 

Quelques citations relevées :
"Rien.
Plus rien.

Elle s'est jetée à l'eau, à dix-huit ans.

Comme ça.
Je ne pouvais pas.
On ne pouvait pas aller à l'enterrement.
Ou alors il aurait fallu nous enterrer aussi.
Ta grand-mère et moi, nous sommes morts depuis."
                                               ---------------------------------------------------
"Charlotte ouvre ses cadeaux.
Comme on la regarde, elle joue à la petite fille heureuse.
Du théâtre pour alléger le moment.
Pour chasser la tristesse de son père.
C'est le silence surtout qui fait mal.
A Nöel, sa mère restait des heures au piano.
Elle aimait les chants chrétiens.
La soirée se déroule maintenant à l'abri des mélodies."

Quelques critiques parues dans la presse :

«Foenkinos, fasciné, fait de nous les membres d’une communauté qu’il faut espérer grandissante : celle des admirateurs d’une jeune artiste nommée Charlotte Salomon, assassinée à 26 ans. Une promesse.» François Busnel, L’Express
«David Foenkinos rôde autour de Charlotte Salomon comme si celle-ci avait été sa soeur, sa mère, son amour. Comme si elle était, aujourd’hui encore, le point fixe de son imaginaire, de sa vie.» Jean-Paul Enthoven, Le Point

Fiche technique :

Editeur: Gallimard                  Date d'édition : Aout 2014       224 pages


Pour aller plus loin :


David Foenkinos présente son livre :



Vie ou Théâtre, la collection de Charlotte Salomon, exposée au Musée de l'histoire juive

Afficher l'image d'origine

lundi 14 septembre 2015

Partenariats

De temps en temps, j'ai la chance d'être sélectionnée pour recevoir des livres et d'en donner mon avis.

Je rajouterai donc sur cette page, les livres, partenaires, maison d'éditions qui ont joué le jeu de la parole donnée aux lecteurs.

Je donne mon avis en totalement liberté, qu'ils me plaisent ou non, je publie mes articles sans langue de bois ...


mercredi 19 août 2015

Au revoir là-haut, Pierre Lemaître


Note : *****

Récompenses :
Prix Goncourt 2013
Prix France-Télévision, 2013
Meilleur Roman français, Lire, 2013
Meilleur roman français des libraires, 2013
Prix des libraires Nancy-Le Point 2013
Prix Tulipe du meilleur roman français, 2014
Prix littéraire de la ville de Brignolles 2013

Présentation de l'éditeur, Abin Michel :
"Pour le commerce, la guerre présente beaucoup d'avantages, même après"
Sur les ruines du plus grand carnage du XXème siècle, deux rescapés des tranchées, passablement abîmés, prennent leur revanche en réalisant une escroquerie aussi spectaculaire qu'amorale. Des sentiers de la gloire à la subversion de la patrie victorieuse, ils vont découvrir que la France ne plaisante pas avec ses morts.
Fresque d'une rare cruauté, remarquable par son architecture et sa puissance d'évocation, Au revoir la-haut est le grand roman de l'après-guerre de 14, de l'illusion de l'armistice, de l'Etat qui glorifie ses disparus et se débarrasse de vivants trop encombrants, de l'abomination érigée en vertu.
Dans l'atmosphère crépusculaire des lendemains qui déchantent, peuplée de misérables pantins et de lâche reçus en héros, Pierre Lemaître compose la grande tragédie de cette génération perdue avec un talent et une maîtrise impressionnants.

L'auteur :




Pierre Lemaître est un romancier français né en 1951. Psychologue de formation, il a fait une grande partie de sa carrière dans la formation professionnelle des adultes avant de se consacrer à l'écriture: Travail soigné *(2006), Robe de marié (2009), Cadres noirs (2010), Alex*(2011), Sacrifices* (2012), Rosy et John (2013), Au revoir là-haut (2013)
* Tétralogie Verhoeven



Ma critique :
Si le prix décerné vous fait peur (GONCOURT !!), si l'épaisseur de l'ouvrage vous fait peur (près de 600 pages), si la période vous fait peur (guerre 14-18), surtout passez outre !!
L'écriture est soignée et agréable à lire, le texte défile sous les yeux, les chapitres s'enchaînent, .. sans s'en rendre compte, on arrive déjà à la moitié du roman. On a hâte de savoir comment tout ça va se terminer mais sans être  tenté de bâcler la lecture pour autant, vu tous les rebondissements, la richesse des personnages avec chacun leurs défauts, leurs richesses (pour certains la balance penche plus d'un coté ou de l'autre). Tous les personnages ont leur part d'importance, ils sont magnifiquement bien travaillés. L'auteur traduit parfaitement cette époque d'après-guerre : les militaires, les aristocrates, les politiques et les pauvres; la survie pour les uns, l'enrichissement pour les autres; la petitesse des grands et la grandeur des petits.
J'ai aimé les différents thèmes abordes : A qui profite la guerre ? ou comment faire pour qu'elle nous réussisse? La France ne s'est-elle pas trop occupé de ses morts et moins de ses survivants? Arrive-t-on à se détacher du regard de nos parents? Doit-on se sentir coupable, redevable de ce que la guerre a provoqué ?
et bien d'autres thèmes encore ....
Le fil rouge : l'escroquerie qu'ils mettent en place est certes, amorale (comme dit dans le 4ème de couverture) mais le comportement du gouvernement ne l'est-il pas tout autant ?
Ce cynisme, cette "amoralité" aurait pu se retrouver un peu plus dans le dénouement mais je n'en dirai pas plus au risque d'en dire trop pour celles ou ceux qui ne l'auraient pas encore lu. Si c'est votre cas, vite, filez chez le libraire !

Quelques citations relevées :
"Un militaire, vous lui retirez la guerre qui lui donnait une raison de vivre et une vitalité de jeune homme, vous obtenez un croûton hors d'âge"
"tout est beau chez les riches, se dit Albert, même les pauvres."
"Avant guerre, elle les avait démasqués de loin, les petits ambitieux qui la trouvait banale vue de face, mais très jolie vue de dot"
"En le tenant contre lui, Albert se dit que pendant toute la guerre, comme tout le monde, Edouard n’a pensé qu’à survivre, et à présent que la guerre est terminée et qu’il est vivant, voilà qu’il ne pense plus qu’à disparaître. Si même les survivants n’ont plus d’autre ambition que de mourir, quel gâchis…"

Quelques critiques parues dans la presse :

"Lemaître frappe un grand coup : captivant, profond, émouvant, Au revoir là-haut témoigne d'un immense talent d'écrivain. Sa phrase est vive, maîtrisée, originale. Voilà une fiction époustouflante qui ne passera pas inaperçue."Lire
"Après un départ époustouflant, Pierre Lemaitre garde d'un bout à l'autre d'un opus, romanesque et rocambolesque en diable, qui tient toutes ses promesses. Avec un souffle impressionnant, un art maîtrisé du Grand Guignol, Lemaître joue acec la culpabilité, l'escroquerie et la mystification... Impossible à lâcher." Livres Hebdo

Fiche technique :

Editeur: Albin Michel             Date d'édition : Aout 2013       576 pages
Editeur : Le livre de poche      Date d'édition : Avril 2014      624 pages

Pour aller plus loin :

Interview sur RTL dans l’émission "Les livres ont la parole" :  Lien audio

Interview sur France Inter :

vendredi 8 mai 2015

Challenge Variétés 2015


Depuis le mois de Mai 2015, je participe au Challenge Variétés 2015, sur le site Babélio, initié par ShenandoahCe challenge a été lancé sur un site américain Popsugar. L'objectif est de remplir ces 52 catégories sur l'année 2015.
A ce jour, 47 catégories et 34 livres lus
Par ici, le  Tableau de suivi, pour vous donner des idées de lectures ...
Voici la liste :
1-Un livre de plus de 500 pages -----> Au revoir là-haut, Pierre Lemaître
2-Une romance classique ------> Les Hauts de Hurle-Vents, Emily Bronte
3-Un livre adapté en film -----> C'est le métier qui rentre, Sylvie Testud
4-Un livre publié cette année -----> L'enfant qui aimait la pluie, Gérard Kelly
5-Un livre dont l'auteur a moins de 30 ans -----> Le grand Meaulnes, Alain Fournier
6-Un livre dont le titre contient un nombre  -----> 1Q84, Haruki Murakami
7-Un livre avec des personnages non-humain -----> Le fantôme de Canterville, Oscar Wilde
8-Un livre drôle -----> C'est le métier qui rentre, Sylvie Testud
9-Un livre écrit par une femme -----> Juste avant le bonheur, Agnès Ledig
10-Un livre à suspense ou un thriller -----> Piège nuptial, Douglas Kennedy
11-Un livre dont le titre est composé d'un seul mot -----> Boomerang, Tatiana de Rosnay
12-Un recueil de nouvelles -----> Singulière agape, Ethel Salducci
13-Un livre qui se déroule dans un autre pays ----->La petite communiste qui ne souriait jamais, Lola Lafon
14-Un livre qui ne soit pas de la fiction -----> Je, François Villon, Jean Teulé
15-Le premier livre d'un auteur célèbre -----> Le grand Meaulnes, Alain Fournier
16-Un livre que vous n'avez pas encore lu écrit par un auteur que vous adorez -----> Je, François Villon, Jean Teulé
17-Un livre recommandé par un ami -----> Vingt-quatre heures dans la vie d'une femme, Stefan Zweig
18-Un livre qui a gagné le prix Pulitzer -----> Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur, Harper Lee
19-Un livre basé sur une histoire vraie -----> Charlotte, David Foenkinos
20-Un livre qui est tout en bas de votre PAL -----> Le bal des louves T1, Mireille Calmel
21-Un livre que votre mère adore -----> Toutes ces choses qu'on ne s'est pas dites, Marc Levy
22-Un livre qui vous fait peur -----> Andromaque, Racine
23-Un livre qui a plus de 100 ans -----> Double assassinat dans la rue Morgue, Edgar Allan Poe
24-Un livre choisi pour sa couverture -----> Un gout de cannelle et d'espoir, Sarah Mac Coy
25-Un livre que vous auriez dû lire pour l'école mais que vous n'avez pas lu -----> La guerre de Troie n'aura pas lieu - Jean Giraudoux
26-Des mémoires -----> Sauve-toi, la vie t'appelle, Boris Cyrulnik
27-Un livre que vous pouvez terminer en une journée ----->Vingt-quatre heures dans la vie d'une femme, Stefan Zweig
28-Un livre dont le titre contient des antonymes -----> Train d'enfer pour Ange rouge, Franck Thilliez
29-Un livre qui se déroule à un endroit où vous avez toujours voulu aller ----->
30-Un livre paru l'année de votre naissance -----> e=mc² mon Amour, Patrick Cauvin
31-Un livre avec de mauvaises critiques -----> Toutes ces choses qu'on ne s'est pas dites, Marc Levy
32,33,34-Une trilogie-----> 1Q84, Haruki Murakami - Tome 1
35-Un livre de votre enfance-----> e=mc² mon Amour, Patrick Cauvin
36-Un livre avec un triangle amoureux -----> Boomerang, Tatiana de Rosnay
37-Un livre qui se déroule dans le futur ----->
38-Un livre qui se déroule au lycée -----> L'attrape-coeurs, J.D. Salinger
39-Un livre dont le titre contient une couleur -----> Le collier rouge, Jean-Christophe Rufin
40-Un livre qui vous a fait pleurer -----> Réparer les vivants, Maëlys de Kerangal
41-Un livre avec de la magie ----->Le bal des louves T1, Mireille Calmel
42-Un roman graphique (ou bande dessinée) -----> Sartre, une existence, des libertés, Mathilde Ramadier et Anais Depommier
43-Un livre d'un auteur que vous n'avez jamais lu -----> Les gens heureux lisent et boivent du café, Agnès Martin-Lugand
44-Un livre que vous possédez mais que vous n'avez jamais lu -----> Réparer les vivants, Maëlys de Kerangal
45-Un livre qui se déroule dans votre ville -----> La quête du bleu divin, sylvain Treperman
46-Un livre traduit d'une autre langue -----> Certaines n'avaient jamais vu la mer, Julie Otsuka
47-Un livre qui se déroule pendant Noël ----->
48-Un livre écrit par un auteur avec les mêmes initiales que vous (SP ou PS) -----> Les enfants perdus, Peter Straub
49-Une pièce de théâtre -----> Andromaque, Racine
50-Un livre qui a été interdit -----> Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur, Harper Lee
51-Un livre basé sur une série télé ou qui est devenu une série télé -----> Vingt Mille lieues sous les mers, Jules Verne
52-Un livre que vous avez commencé mais jamais terminé -----> Les Hauts de Hurle-Vent, Emily Bronte

Pour faciliter les choses, trois catégories ont été mises en places :
FACILE : Les livres peuvent compter dans autant de catégories que vous voulez
INTERMEDIAIRE : Les livres peuvent compter dans 2 catégories maximum
DIFFICILE : Chaque livre ne compte que pour une catégorie
Pour ma part, ayant pris ce challenge en cours de route, je me suis fixé l'objectif en mode INTERMEDIAIRE.

Difficile, difficile ... nous sommes au mois de juin et je me suis laissée emplorter par mes autres challenges ... difficile pour moi de finir celui-ci !

lundi 20 avril 2015

Challenge ATOUT PRIX 2015 - 2016


Ce challenge est une idée géniale de Gwen21 sur le site BABELIO. 

De quoi s'agit-il ? 
Lire et critiquer des œuvres ayant reçu un prix littéraire français ou international (toutes périodes et distinctions confondues). 
Le challenge ATOUT PRIX prend en compte les lectures du 1er avril 2015 au 1er mai 2016. 

Voici les différents paliers à gravir pour obtenir le Saint Graal :
BONNET D'ÂNE 
Vous avez lu 2 œuvres primées en 1 an 
ENCOURAGEMENTS 
Vous avez lu 5 œuvres primées en 1 an 
TABLEAU D'HONNEUR 
Vous avez lu 8 œuvres primées en 1 an 
FÉLICITATIONS 
Vous avez lu 10 œuvres primées en 1 an 
PREMIER DE LA CLASSE 
Vous avez lu 15 œuvres primées en 1 an 
LAURÉAT 
Vous avez lu 20 œuvres primées en 1 an 

Vous trouverez ici le Fichier de suivi des participants à ce challenge.                      

C'est la première année que je participe à ce challenge, je me fixe pour objectif le TABLEAU D'HONNEUR 

BONNET D'ANE : 
1/ Juste avant le bonheur, d'A. LEDIG, Prix Maison de la Presse 2013
2/Je, François Villon de J. Teulé, Prix du récit autobiographique 2006

ENCOURAGEMENTS : 
3/Réparer les vivants de M. de Kerangal, Prix RTL-Lire 2014
4/ Certaines n'avaient jamais vu la mer de J. Otsuka, Prix Fémina Etranger 2013
5/Au revoir là-haut, de Pierre Lemaitre, Goncourt 2013 

TABLEAU D'HONNEUR: 
6/Charlotte, de David Foenkinos, Goncourt des lycées 2014 
7/Ulysse: les chants du retour, de Jean Harambat, Prix le Point BD 2014 
8/ Ne tirez pas sur l'oiseau moquer, Harper Lee, Prix Pulitzer 1961

FÉLICITATIONS :
9/ La petite communiste qui ne souriait jamais, Lola Lafon, Prix Version Femina  2015
10/ Le coeur à la craie, Daniel Picouly, Prix des romancières 2009

PREMIER DE LA CLASSE :
11/ Vernon Subutex, Tome 1, Virginie Despentes, Prix Anais Nin 2015
12/ L'homme de ma vie, Yann Queffelec, Prix des hussards, 2016


Et voilà, ce challenge est terminé et je suis allée au-delà de mon objectif puisque j'ai validé le niveau FÉLICITATIONS !

En route pour le prochain ...