mercredi 19 août 2015

Au revoir là-haut, Pierre Lemaître


Note : *****

Récompenses :
Prix Goncourt 2013
Prix France-Télévision, 2013
Meilleur Roman français, Lire, 2013
Meilleur roman français des libraires, 2013
Prix des libraires Nancy-Le Point 2013
Prix Tulipe du meilleur roman français, 2014
Prix littéraire de la ville de Brignolles 2013

Présentation de l'éditeur, Abin Michel :
"Pour le commerce, la guerre présente beaucoup d'avantages, même après"
Sur les ruines du plus grand carnage du XXème siècle, deux rescapés des tranchées, passablement abîmés, prennent leur revanche en réalisant une escroquerie aussi spectaculaire qu'amorale. Des sentiers de la gloire à la subversion de la patrie victorieuse, ils vont découvrir que la France ne plaisante pas avec ses morts.
Fresque d'une rare cruauté, remarquable par son architecture et sa puissance d'évocation, Au revoir la-haut est le grand roman de l'après-guerre de 14, de l'illusion de l'armistice, de l'Etat qui glorifie ses disparus et se débarrasse de vivants trop encombrants, de l'abomination érigée en vertu.
Dans l'atmosphère crépusculaire des lendemains qui déchantent, peuplée de misérables pantins et de lâche reçus en héros, Pierre Lemaître compose la grande tragédie de cette génération perdue avec un talent et une maîtrise impressionnants.

L'auteur :




Pierre Lemaître est un romancier français né en 1951. Psychologue de formation, il a fait une grande partie de sa carrière dans la formation professionnelle des adultes avant de se consacrer à l'écriture: Travail soigné *(2006), Robe de marié (2009), Cadres noirs (2010), Alex*(2011), Sacrifices* (2012), Rosy et John (2013), Au revoir là-haut (2013)
* Tétralogie Verhoeven



Ma critique :
Si le prix décerné vous fait peur (GONCOURT !!), si l'épaisseur de l'ouvrage vous fait peur (près de 600 pages), si la période vous fait peur (guerre 14-18), surtout passez outre !!
L'écriture est soignée et agréable à lire, le texte défile sous les yeux, les chapitres s'enchaînent, .. sans s'en rendre compte, on arrive déjà à la moitié du roman. On a hâte de savoir comment tout ça va se terminer mais sans être  tenté de bâcler la lecture pour autant, vu tous les rebondissements, la richesse des personnages avec chacun leurs défauts, leurs richesses (pour certains la balance penche plus d'un coté ou de l'autre). Tous les personnages ont leur part d'importance, ils sont magnifiquement bien travaillés. L'auteur traduit parfaitement cette époque d'après-guerre : les militaires, les aristocrates, les politiques et les pauvres; la survie pour les uns, l'enrichissement pour les autres; la petitesse des grands et la grandeur des petits.
J'ai aimé les différents thèmes abordes : A qui profite la guerre ? ou comment faire pour qu'elle nous réussisse? La France ne s'est-elle pas trop occupé de ses morts et moins de ses survivants? Arrive-t-on à se détacher du regard de nos parents? Doit-on se sentir coupable, redevable de ce que la guerre a provoqué ?
et bien d'autres thèmes encore ....
Le fil rouge : l'escroquerie qu'ils mettent en place est certes, amorale (comme dit dans le 4ème de couverture) mais le comportement du gouvernement ne l'est-il pas tout autant ?
Ce cynisme, cette "amoralité" aurait pu se retrouver un peu plus dans le dénouement mais je n'en dirai pas plus au risque d'en dire trop pour celles ou ceux qui ne l'auraient pas encore lu. Si c'est votre cas, vite, filez chez le libraire !

Quelques citations relevées :
"Un militaire, vous lui retirez la guerre qui lui donnait une raison de vivre et une vitalité de jeune homme, vous obtenez un croûton hors d'âge"
"tout est beau chez les riches, se dit Albert, même les pauvres."
"Avant guerre, elle les avait démasqués de loin, les petits ambitieux qui la trouvait banale vue de face, mais très jolie vue de dot"
"En le tenant contre lui, Albert se dit que pendant toute la guerre, comme tout le monde, Edouard n’a pensé qu’à survivre, et à présent que la guerre est terminée et qu’il est vivant, voilà qu’il ne pense plus qu’à disparaître. Si même les survivants n’ont plus d’autre ambition que de mourir, quel gâchis…"

Quelques critiques parues dans la presse :

"Lemaître frappe un grand coup : captivant, profond, émouvant, Au revoir là-haut témoigne d'un immense talent d'écrivain. Sa phrase est vive, maîtrisée, originale. Voilà une fiction époustouflante qui ne passera pas inaperçue."Lire
"Après un départ époustouflant, Pierre Lemaitre garde d'un bout à l'autre d'un opus, romanesque et rocambolesque en diable, qui tient toutes ses promesses. Avec un souffle impressionnant, un art maîtrisé du Grand Guignol, Lemaître joue acec la culpabilité, l'escroquerie et la mystification... Impossible à lâcher." Livres Hebdo

Fiche technique :

Editeur: Albin Michel             Date d'édition : Aout 2013       576 pages
Editeur : Le livre de poche      Date d'édition : Avril 2014      624 pages

Pour aller plus loin :

Interview sur RTL dans l’émission "Les livres ont la parole" :  Lien audio

Interview sur France Inter :